À gauche, à droite, comme au sein de la Macronie, la campagne pour les élections législatives à venir commence sur le thème de l’union. Pourtant, dans chaque camp, des dissidents, qui se revendiquent du Nouveau Front populaire ou des Républicains, vont affronter d’autres candidats investis par leur propre mouvement.
Outre le défi des élections législatives
, dont la campagne officielle a démarré ce lundi 17 juin, s’engage un tout autre combat pour quelques députés : la concurrence avec leur propre parti. Ou plutôt avec un parti qui, pour certains, les a évincés. Le feuilleton a débuté vendredi 14 juin, lorsque La France insoumise, membre du Nouveau Front populaire
, a annoncé ses investitures. Plusieurs figures du parti manquaient alors à l’appel, à l’instar des députés de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière et Raquel Garrido, ou encore l’élue sortante de la 15e circonscription de Paris, Danielle Simonnet
.
« Jean-Luc Mélenchon a réglé ses comptes avec moi et mes amis », a réagi Alexis Corbière sur franceinfo, samedi 15 juin. Même rengaine chez sa compagne à la ville, Raquel Garrido, qui déplore sur le réseau social X (ex-Twitter) qu’on lui fasse « payer le crime de lèse-Mélenchon ». Pour rappel, à l’automne dernier, la députée avait été sanctionnée quatre mois par LFI pour avoir ouvertement critiqué plusieurs membres du mouvement ainsi que son leader autour de la gouvernance ou de la stratégie insoumise.
Peu importe pour ces bannis de LFI : ils sont déterminés à faire campagne au nom du Nouveau Front populaire. Et, signe du prolongement d’une guerre fratricide, ils affronteront, dans leur circonscription respective, des candidats investis par leur propre mouvement. C’est notamment le cas d’Hendrik Davi, député sortant de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, à Marseille, que LFI a décidé de ne pas réinvestir. Ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer le début de sa campagne, avec le logo du Nouveau Front populaire trônant fièrement sur ses affiches, malgré l’investiture de son rival insoumis, Allan Popelard.
Des duels à gauche
Dans le Nord, la campagne de l’union des gauches a été bouleversée par la réinvestiture d’Adrien Quatennens
, élu LFI depuis 2017 dans la première circonscription du Nord, en dépit de sa condamnation à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences conjugales. En face de lui, Amy Bah, une militante féministe et présidente de #NousToutesLille qui avait décidé de se présenter, avec le soutien de la maire socialiste de Lille, Martine Aubry. Le renoncement d’Adrien Quatennens, annoncé ce dimanche 16 juin, ne l’a d’ailleurs pas fait changer d’avis. La juriste, qui se présente sous une bannière « en soutien du Nouveau Front populaire » reprenant les codes graphiques de l’union de la gauche, affrontera Aurélien Le Coq
, actuellement à la tête des Jeunes Insoumis.
Autre duel « fratricide » dans l’Essonne, où LFI soutient une candidate Génération.s, Hella Kribi-Romdhane, qui vient d’annoncer sa candidature se revendiquant du Nouveau Front populaire. Or, cette dernière se présente contre Jérôme Guedj
, dont elle n’est autre que l’ex-suppléante.
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Si celui-ci a refusé la bannière de l’union des gauches en raison de « divergences profondes » avec le mouvement Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann, Sandrine Rousseau ou Olivier Faure lui ont apporté leur soutien. Surtout, la circonscription revenait au PS dans le cadre de l’accord scellé entre les membres du Nouveau Front populaire. « Le candidat du Front populaire dans cette circonscription, c’est Jérôme Guedj, et c’est le seul qui puisse avoir notre soutien », a ainsi affirmé le premier secrétaire du PS sur franceinfo
, ce lundi.
À droite, les frondeurs ciottistes
Dans la famille des frondeurs, la gauche n’est toutefois pas isolée. Depuis l’annonce du toujours président des Républicains quant à sa volonté de ralliement avec le Rassemblement national
, quelque 62 candidats ont été investis par Éric Ciotti. Parmi eux, des anciens zemmouristes, des chroniqueurs de CNews, des proches de Marion Maréchal, mais également quelques adhérents LR. Pour certains, ils affronteront un candidat investi par ce même parti.
C’est le cas de Victor Lastécouères, dans la 6e circonscription du Pays-Basque, qui sera en lice contre Emmanuelle Brisson, soutenue par LR. Figurent ainsi, sur la profession de foi du frondeur le logo du RN aux côtés de celui des Républicains, auquel s’ajoute la précision « à droite » – où le positionnement politique de ces candidats ciottistes ne serait pas bien compris.
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Ce néo-logo apparaît également sur l’affiche de campagne d’Arnaud Dassier
, candidat dans la 4e circonscription de Paris qui a, par le passé, mené les campagnes numériques de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, puis rejoint le MoDem avant de soutenir Éric Zemmour. À ses côtés, sur son affiche, trônent les visages de Marion Maréchal, de Jordan Bardella et d’Éric Ciotti.
Les macronistes déchus
Des divisions à gauche, des dissensions à droite… et du rififi au sein de la Macronie ? Certains candidats, se disant soutenus par la majorité présidentielle – comme le furtif ex-ministre des Solidarités, Damien Abad
, et le député sortant de la 2e circonscription de Paris, Gilles Le Gendre – ont vite déchanté lorsqu’ils ont appris que Renaissance leur opposait un rival macroniste.
Ainsi, l’ancien patron des députés LREM à l’Assemblée nationale, qui n’avait pas voté pour la loi immigration, affrontera Jean Laussucq – une nouvelle qu’il a appris « sur Internet », comme il l’a affirmé au micro de BFMTV
, ce dimanche. « Je me présente sous l’étiquette de la majorité présidentielle, mais libre », a-t-il ajouté.
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S’agissant de l’ancien ministre, actuellement mis en examen pour tentative de viol, il fera face à Nathalie Descours, ancienne élue locale à Miribel (Ain) et présidente du groupe européen Renew dans le département. Si le candidat se présentait sous la bannière « divers droite – sans étiquette », il affirmait tout de même avoir le soutien « plein et entier » de Renaissance. Aujourd’hui, il feint de relativiser : « Le seul soutien que j’attends c’est celui du territoire et des habitants », a-t-il déclaré dans les colonnes du Progrès
.
« Une forme de repoussoir »
À l’inverse, certains députés de la majorité se seraient bien passés de l’étiquette « macroniste ». En effet, une majorité d’élus sortants, désormais candidats sous la bannière « Ensemble pour la République », n’ont pas souhaité se montrer en compagnie d’Emmanuel Macron sur leurs affiches pour les législatives. Certains lui préférant l’image de son Premier ministre, Gabriel Attal.
L’ancienne ministre déléguée chargée de la Ville et actuelle députée des Yvelines, Nadia Hai, a notamment fait ce choix, alors qu’elle apparaissait, en 2022, aux côtés du chef de l’État. « Le président doit rester au-dessus de la mêlée », se justifie-t-elle. Même chose pour le député de la première circonscription du Rhône, Thomas Rudigoz, qui se présente tout sourire avec Gabriel Attal sur son affiche de campagne
. « Engagé derrière Gabriel Attal qui conduira cette campagne législative ! », lance-t-il sur X.
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À noter que nombreux sont les candidats de la majorité à pimenter leur communication d’une pincée de similitudes avec les supports officiels de la République. Comme une volonté de continuer à légitimer leur présence, bien que les sondages prédisent une dégringolade du camp présidentiel dans les urnes. En témoignent le fond bleu-vert et pixelisé, notamment utilisé par la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le député de l’Oise, Éric Woerth, qui n’est pas sans rappeler les couleurs et le style adoptés dans les supports officiels du gouvernement. Ces derniers ont partagé par les préfectures sur les réseaux sociaux
notamment pour expliquer les modalités de la demande de procuration.
Par ailleurs, d’autres candidats préfèrent s’afficher seuls et vanter leur bilan local, plutôt que leur appartenance à la majorité présidentielle. Dans la troisième circonscription du Tarn, Jean Terlier, député Renaissance depuis 2017, évoque sur son flyer la défense de l’A69, la pérennisation de l’aéroport de Castres… sans aucune référence à l’action nationale de son groupe. « On voit que le président de la République peut être une forme de repoussoir », s’explique-t-il auprès d’Europe 1
, tout en ajoutant qu’il n’a pas souhaité afficher sa « couleur politique ». Au risque d’entamer encore davantage la légitimité de son propre camp.
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Publish date : 2024-06-17 17:30:00
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