« Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres. » (Émile Zola, « J’accuse »).
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Le péril est là ! Mais contrairement à ce que l’on voudrait essayer de nous faire croire, c’est bien un péril aux formes multiples auquel nous faisons face. Ne pas le voir, ne pas le dire, serait catastrophique pour l’avenir même de notre démocratie et du socle républicain, bien au-delà de cette élection législative décidée par un président de la République « pompier pyromane ».
Refuser l’assignation à résidence identitaire
Le péril, c’est d’abord celui de voir, au soir du 7 juillet, l’extrême droite et sa cohorte de complotistes, xénophobes, antivax et climatosceptiques gagner ces élections. Celles et ceux qui n’ont que la haine comme seule boussole et que j’ai toujours combattus avec force. Mais j’affirme, avec colère, que ce qui se joue aussi, c’est bien la racialisation de l’espace social, théorisée, revendiquée et instrumentalisée par l’extrême gauche !
Depuis des semaines, la question n’est pas la place des juifs ou des musulmans, mais l’avenir même de notre pacte républicain, celui-là même qui nous permet de vivre ensemble. En cela, la plateforme commune signée par toute la gauche est une catastrophe, car elle valide la stratégie de LFI. Par l’accord passé, les sociaux-démocrates au mieux restent silencieux, tétanisés à l’idée de perdre quelques pourcentages ou sièges, au pire cautionnent et valident la méthode de « conflictualisation permanente » des Insoumis.
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Le piège est là et il se referme inexorablement sur les démocrates et républicains français… La question n’est pas d’être « avec ou contre les juifs », « avec ou contre les musulmans », comme voudraient le faire croire LFI et ses candidats… Être contre l’antisémitisme, être contre le racisme, l’homophobie, c’est tout simplement refuser cette assignation à résidence identitaire que prônent les Insoumis et qui est mortifère pour la République.
Quand des représentants de la nation jouent dangereusement avec la vie politique française, en utilisant à des fins électoralistes les pires ressentiments, ils ne nourrissent que les extrêmes et détruisent la boussole morale dont ont besoin nos concitoyens dans cette tourmente. Où sont les voix de gauche pour affirmer avec force que le problème de l’antisémitisme ce n’est pas uniquement le problème des juifs ? C’est celui de la République et de la France. Que le racisme n’est pas le problème des immigrés. C’est celui de la République et de la France.
Le prix du chaos
Ce vendredi matin, nos enfants ont passé le bac de français. Quelles que soient leur histoire, leur origine, couleur, religion, ils ont composé et écrit en français, planché ensemble sur Rimbaud, Olympe de Gouges, Voltaire… Chacune de leurs pages écrit l’histoire de notre France universaliste. Cela nous rappelle que notre pays – même de façon imparfaite ! – donne à chacun la chance d’être libre de son passé. Notre responsabilité, c’est bien d’être à leurs côtés et de faire France avec eux.
La République permet de ne pas toujours être d’accord mais de continuer avec respect – malgré les désaccords – de conjuguer nos vies, de lutter ensemble et de construire un commun. Depuis des semaines, quand certains, à gauche comme à droite, osent émettre un avis dissonant, au mieux ils sont insultés – je serais devenue une « fasciste rose » ! –, au pire menacés par celles et ceux qui n’ont qu’un seul intérêt et l’ont théorisé : le chaos. Ce chaos, je n’en veux pas ! Car, comme beaucoup, je ne connais que trop bien son terrible prix.
À LIRE AUSSI La stratégie « antisioniste » payante des InsoumisAujourd’hui, quel intérêt peut bien avoir ce « Nouveau Front populaire » si nous ne sommes pas capables de répondre à la seule question qui vaille : comment faire société demain ? Demain je veux, pour ma part, continuer à défendre l’universalisme qui fait la grandeur de la France, de la République, et donne une chance à chacun.
Et si je lutte contre l’antisémitisme, contre les violences faites aux femmes, le racisme, ce n’est pas pour faire plaisir aux juifs, aux femmes, aux Noirs ou aux musulmans, m’assurer quelques voix et soutiens, dans les quartiers, ici ou ailleurs, mais bien parce que l’antisémitisme – qui n’est pas résiduel ! –, le racisme – tout aussi réel – sont bien les antithèses de cet universalisme qui dépasse nos origines et nous permet de nous projeter ensemble vers le progrès social.
L’universalisme ne se négocie pas ! Il ne doit dépendre d’aucun calcul partisan. Car il est le sens de l’Histoire de la France. Capable de créer ce cadre fertile du vivre-ensemble qui a fait la grandeur de notre nation et qui fait l’admiration de beaucoup de peuples de par le monde. Se le rappeler, le défendre, le chérir, c’est cela être de gauche. Aujourd’hui, demain, je suis et serai plus que jamais de gauche, mais pas de la gauche qui noue des accords qui ont un goût amer de trahison de nos valeurs.
* Pernelle Richardot, ancienne trésorière nationale du PS, membre du Conseil national du PS, est conseillère municipale et communautaire socialiste de Strasbourg (Bas-Rhin).
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Publish date : 2024-06-15 08:30:00
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