Le calcul d’Emmanuel Macron était simple. Constatant le score écrasant de l’extrême droite aux européennes et l’éparpillement des forces de gauche, la brutale dissolution devait être un moyen de renouveler la formule qui lui a déjà souvent réussi : installer la majorité sortante en face du Rassemblement national et s’imposer, au second tour, grâce au renfort des électeurs de gauche.
Ce qu’il n’a pas prévu, c’est le soudain réalisme des composantes de cette gauche que l’on croyait irréconciliables. Il lui a, en effet, suffi de 48 heures pour constituer ce Nouveau Front populaire, agrégeant de l’extrême gauche à la gauche modérée. À l’instar d’un François Hollande, décidant de se présenter, sous cette étiquette, dans son fief corrézien. Avec la possibilité de ne désigner qu’un candidat par circonscription, le plus sûr moyen de figurer au second tour, le plus souvent face au représentant du RN. Charge aux macronistes d’accepter, cette fois à leurs dépens, le vote républicain qui leur a si souvent profité.
Mélenchon n’est plus hégémonique
Pour le moment, dans les rangs macronistes comme au RN, on ne cesse de dénoncer la duplicité d’une coalition qui serait instrumentalisée par les Insoumis. Une argumentation reprise en boucle par les chaînes d’information. Et d’insister sur l’intolérance de Jean-Luc Mélenchon, privant de l’investiture une poignée de ceux, tel Alexis Corbière, ayant osé contester certaines de ses prises de position antérieures. Ce qui, par effet boomerang, a contraint son protégé, Adrien Quatennens, à renoncer.
Or, le Nouveau Front populaire est, à bien des égards, l’exact contraire de ce que fut la Nupes, en 2022. Il ne s’agit plus de porter Jean-Luc Mélenchon à Matignon, au point de lui laisser une hégémonie sur la répartition des circonscriptions. C’est même un renversement des équilibres qui se dessine. Certes, les Insoumis, qui disposent d’une force électorale et militante non négligeable, ne disparaissent pas. Simplement, ayant accepté de s’effacer dans une centaine de circonscriptions, ils devront tenir compte de la future répartition au sein de la gauche parlementaire, après le 7 juillet. Sachant que les reports de voix au second tour s’annoncent plus fluides en faveur des candidats venus du PS ou des Écologistes.
Quel profil pour postuler à Matignon ?
Si l’on en croit les sondages, le RN fait encore la course en tête. Toutefois, on distingue une inversion des courbes, ce qui ne tient pas encore compte des situations locales qui ont leur importance dans ce type de scrutin.
Le Nouveau Front populaire progresse. Son succès n’est donc plus impossible. Même s’il ne peut espérer mieux qu’une majorité relative. Raison suffisante pour ne pas pointer prématurément celui ou celle alors susceptible de s’installer à Matignon. Une personnalité dont la compétence serait reconnue, ayant aussi la capacité de rassembler au-delà même du nouveau front de gauche. Ces profils ne sont pas si nombreux. Les intéressés peuvent se préparer, notamment sur la mise en œuvre d’un programme qui ne se fera pas en quelques semaines. Sans pour autant se dévoiler. Ce serait relancer une course aux ego et cela ferait d’eux des cibles privilégiées pour les médias. Ce dont la campagne du Nouveau Front populaire n’a nul besoin.
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Publish date : 2024-06-16 15:26:50
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