Publié le 15 juin 2024 à 16h11, mis à jour le 15 juin 2024 à 17h02
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Certains ont pu croire que l’ancien président de la République se contenterait d’encourager le rassemblement de la gauche contre l’extrême droite. C’était mal connaître cet animal politique, et l’ambition qui le travaille encore.
Il aime penser qu’un trou de souris lui suffit. Cette fois, c’est un boulevard – Léon Blum ! – qui s’est ouvert devant lui. Quoi de plus commode pour se replacer dans le trafic ? François Hollande, respectueux du code, a d’abord mis son clignotant pour saluer la naissance du grand rassemblement anti-RN sur TF1. Sans la moindre réserve. Sans connaître son programme, ni son leader, il s’est replacé dans la voie de gauche. « Nous devons tous faire preuve de responsabilité, nous devons tout faire pour que l’extrême droite ne parvienne pas au pouvoir en France », a-t-il expliqué, jeudi soir, en soulignant que chacun des partis engagés devait mettre ses divergences de côté pour l’élever à la hauteur de l’Histoire.
Ce ralliement d’un ancien président de la République honni par la gauche de la gauche a fait son petit effet. Beaucoup de ceux qui lui reprochent d’avoir « tué la gauche » pendant son quinquennat ont loué sa sagesse et ont été émus de son soutien sans condition. Sans doute ces cœurs purs ont-ils songé que l’ex agissait en bénévole et qu’il s’en retournerait à ses occupations d’ancien chef de l’Etat sans demander son reste…
C’était bien mal connaître l’animal politique que demeure François Hollande. Et l’ambition qui le travaille toujours. En vérité, le baiser sur le front n’était pas gratuit. S’il s’est rapproché de l’alliance expresse échafaudée en quatre jours de fièvre par les écolos, les insoumis et les socialistes, c’est que l’ancien Premier secrétaire du PS a compris qu’elle aboutirait à un rééquilibrage des forces progressistes en faveur du courant social-démocrate. Et qu’elle lui fournirait donc l’occasion d’en être de nouveau !
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Une occasion et un coup de fil
Il lui a suffi pour cela de profiter d’une petite ligne de l’accord conclu entre les partis de gauche. Sans y prendre gare, les négociateurs ont attribué la première circonscription de la Corrèze conquise en 2022 par François Dubois (LR) au Parti Socialiste. Se sont-ils souvenus que cette circonscription de Tulle fut le fief de François Hollande de 1988 à 1993, puis de 1997 à 2012 ? Et que l’ancien président y possède une résidence secondaire et y entretient des réseaux depuis plus de trente-cinq ans ? Sautant sur l’occasion, François Hollande n’a eu, semble-t-il, qu’à passer un coup de fil à son ami et fidèle Bernard Combes, maire « divers gauche » de Tulle. Pressenti pour représenter le Nouveau Front populaire, cet ancien principal adjoint du collège Clemenceau de Tulle a succédé à Hollande à la mairie Tulle en 2008. Il a aussi été, à l’Elysée, le conseiller du président chargé… des affaires corréziennes ! Autant dire qu’il ne s’est pas fait prier pour s’effacer devant le patron, qui a été adoubé par les représentants de la gauche locale.
Depuis Tulle, François Hollande a annoncé la nouvelle surprise de sa candidature au quotidien « la Montagne ». Mais voilà, l’appareil du PS ne semble pas ravi de cet accord entre corréziens ! La direction nationale du parti a précisé qu’elle avait investi Bernard Combes et non l’ancien président. Gênant. Et son premier secrétaire Olivier Faure a fini par déclarer à BFM : « Je n’étais pas au courant, je l’apprends en même temps que vous. Mais j’ai entendu François Hollande dire qu’il était heureux de ce Nouveau front populaire et adhérait à son projet. […] Je prends acte et j’espère qu’il fera une campagne active en faveur de ce front. »
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Quant à François Ruffin, le chef de file officieux du Front populaire, il tousse : « Est-ce qu’on peut croire que M. Hollande s’est converti en une nuit ? Que d’un seul coup le voilà favorable à la retraite à 60 ans, que d’un seul coup le voilà favorable à l’indexation des salaires sur l’inflation ? J’en doute », s’est-il demandé.
Mais le temps presse. Toutes les candidatures doivent être enregistrées en préfecture avant dimanche soir. Par un acte de flibusterie, François Hollande s’est imposé pour mener une campagne éclair dans un territoire qu’il connaît par cœur. Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave », a-t-il déclaré à la presse en affirmant qu’il avait répondu à une sollicitation des socialistes du cru et n’avait « pris la place de personne ». Face au sortant LR et à un candidat du Rassemblement national, son ancrage local et sa notoriété constituent , il est vrai, un sérieux avantage. Mais rien n’est joué : aux européennes du 9 juin, le RN est arrivé en tête dans la circonscription avec 31,64 % des suffrages devant le PS (15,76 %), puis la majorité présidentielle (11,21 %).
De quoi faire cauchemarder une partie de la gauche
S’il parvient à ses fins, François Hollande pourra se vanter d’avoir donné de sa personne pour faire barrage au lepénisme. Et siègera parmi ses camarades socialistes, comme au bon vieux temps. Un ancien président de la République dans l’hémicycle, voilà qui pourrait faire sens s’il s’agit de s’opposer à une majorité d’extrême droite. Il n’empêche. A gauche, cette perspective fait cauchemarder tous ceux qui ont fait de son quinquennat un repoussoir et de sa personne un bouc émissaire. A commencer par Olivier Faure, l’actuel premier secrétaire du PS…
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Mais ces tourments de la réunification des tribus socialistes ne sont rien comparés au supplice que représenterait un retour de François Hollande aux « quatre colonnes » pour la France Insoumise et son leader atrabilaire Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes se détestent et se combattent depuis plus de vingt ans. Aujourd’hui, ils refusent obstinément l’un comme l’autre de prendre leur retraite. Autant dire, que le nouveau Front populaire va avoir fort à faire avec ses vieux tontons flingueurs assis à la table du baptême. Pourra-t-il seulement leur survivre ?
Sur le sujet Elections législatives de 2024
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Publish date : 2024-06-15 14:11:42
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