Les leaders du Nouveau Front populaire (NFP) réclament le retour de la gauche au pouvoir au nom de sa majorité en nombre de sièges – et non de voix – dans la nouvelle Assemblée nationale. Mais par comparaison avec les précédentes victoires électorales de la gauche aux législatives, le NFP se trouve dans une configuration sociopolitique et institutionnelle inédite, la présence massive de l’extrême droite sur les bancs du Palais-Bourbon n’en constituant pas la moindre.
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L’existence d’un Hémicycle composé de blocs rivaux capables de s’entendre pour former des coalitions gouvernementales est monnaie courante dans les régimes parlementaires de nos voisins européens. La situation est en revanche sans précédent dans l’histoire de la Ve République. Au pouvoir, la gauche a toujours dominé l’Assemblée, et François Hollande hérite même à son arrivée aux affaires d’une majorité au Sénat, qui a basculé à gauche pour la première fois de son histoire en 2011. La seule exception est celle du gouvernement de Michel Rocard (1988-1991), contraint de solliciter l’appui d’une quinzaine de députés communistes ou centristes pour faire voter ses lois. Le NFP au pouvoir devrait, lui, convaincre systématiquement une centaine d’élus d’autres bords…
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Le rapport de force au sein du NFP est tout aussi inédit. L’amorce de rééquilibrage liée au regain électoral du Parti socialiste (PS) ne doit pas faire oublier le rôle prépondérant joué par sa composante la plus à gauche, La France insoumise (LFI). Sous la IIIe République, le pivot des coalitions de gauche à la Chambre des députés a été soit le groupe parlementaire le plus à droite, à savoir le Parti radical au temps du Bloc des gauches (1902-1905) et du Cartel des gauches (1924-1926), soit sa composante centrale – le Parti socialiste, Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) –, après la victoire du Front populaire en mai 1936. Exception faite de la courte période du tripartisme à la Libération, où l’urgence de la reconstruction favorise une alliance transpartisane des communistes aux démocrates-chrétiens, l’union de la gauche incluant ses composantes les plus radicales est toujours dominée par le PS, de 1978 à la fin du quinquennat de François Hollande, en 2017.
Liens distendus avec les classes populaires
Le poids de la gauche de la gauche complique la tâche du NFP en posant avec une acuité particulière la question du leadership. Au XXe siècle, une personnalité incontournable émerge une fois rendu le verdict des urnes : le radical Edouard Herriot au temps du Cartel, Léon Blum en 1936 ou encore Lionel Jospin au temps de la gauche plurielle (1997-2002). L’affaiblissement dramatique du PS depuis les années Hollande de même que la personnalité clivante de Jean-Luc Mélenchon sont problématiques à l’heure d’une personnalisation à outrance de la vie politique.
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Publish date : 2024-07-15 05:00:09
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