Coup de force? Hold-up démocratique? Coup d’état?
On cherche les mots justes pour tenter de décrire la nouvelle crise qui s’ouvre. Et nous n’en mesurons pas encore ni la gravité, ni les conséquences.
Premier enseignement, les mêmes qui de plateaux en plateaux, la main sur le cœur, crient en permanence aux « atteintes à la République », dénonce « les outrances », appellent au « respect de la démocratie », excommunient leurs opposants de « l’arc républicain », sont dans les faits celles et ceux qu’ils décrivent.
C’est d’ailleurs l’une des difficultés que nous avons pour les combattre.
C’est un aspect distinctif du pouvoir Macroniste que cette stratégie que l’on pourrait qualifier d’orwellienne à l’image de 1984, de faire exploser tous les repères, d’entretenir la perte de sens, de faire en toute circonstance l’inverse des principes énoncés, si bien que l’adversité politique se trouve souvent désarmée et que les principes qui jusqu’ici organisaient notre communauté nationale deviennent inopérants. Les mots, les concepts, les principes n’ont plus de sens et même l’indignation devient inopérante.
« La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » On pourrait ajouter: « La dictature c’est la démocratie ».
Second enseignement, ils n’ont aucune limites. Les radicalisés, ce sont eux.
C’est le retour froid de l’implacable lutte des classes.
Ils et elles sont prêts à tout pour conserver le pouvoir et donc leurs privilèges de classe.
Ils convoquent des élections et en refusent le verdict.
La participation en très forte hausse à ce scrutin revêt même une obligation morale pour n’importe quel démocrate. Pas pour eux.
Ils n’ont ni principe, ni morale.
Le sursaut de participation électoral n’étant pas à leur avantage, ils s’agit de le décourager, de l’humilier, de le mépriser.
Aujourd’hui, le journal Libération révèle que la fortune cumulée des 500 plus riches français dépasse pour la première fois en 2024 les 1200 milliards d’euros. Un plafond jamais atteint.
Le même jour, l’Humanité révèle le projet Périclès du milliardaire Pierre Édouard Stérnin, qui consacre 150 millions d’euros sur les 10 prochaines années pour mener la bataille idéologiques et mettre le l’extrême droite au pouvoir. Avec think tank, institut de formation, plan de conquêtes des institutions, formation et objectifs pour gagner des villes aux prochaines élections municipales, promotion d’un modèle de société réactionnaire…
Troisième enseignement: ils sont déterminés et organisés.
Très organisés, avec des objectifs précis, une stratégie des conquêtes des médias, d’achats d’instituts de sondages pour verrouiller le débat démocratique et étouffer toute pensée critique.
Quatrième enseignement, le verni s’effrite. Toutes leurs saillies contre le mouvement social, la LFI, les écoloterroristes et désormais les communistes au nom des valeurs républicaines n’est qu’un prétexte: les seules valeurs qui leurs sont chers sont celles de la bourse et de leurs portefeuilles.
C’est pour cela qu’ils instrumentalisent tantôt la République, tantôt l’antisémitisme (à l’occasion des mobilisations pour la Paix et la Palestine), toujours en direction de la gauche radicale.
Ils n’ont que faire ni de l’une de l’autre. Leur seul objectif: salir, discréditer, criminaliser celles et ceux qui sont déterminés à reprendre un peu des richesses qu’ils accumulent sur notre dos.
Cinquième enseignement, la stratégie de la respectabilité, de la docilité, de la soumission à leurs injonctions en espérant « gagner en crédibilité » ne fonctionne pas. Ils n’ont pas limites et à chaque fois que nous leur concédons un point on les renforcent et on s’affaiblit en nous divisant.
Sixième enseignement et il est à approfondir, cette guerre de classe pour l’accaparation des richesses se double d’une guerre culturelle, d’une révolution conservatrice, réactionnaire dans la continuité de la théorie du choc des civilisations mais de manière encore plus violente et exacerbée.
Les nouveaux équilibres internationaux, l’instabilité du monde, le réchauffement climatique, les mouvements migratoires qu’ils induisent et l’incapacité du capitalisme à juguler de manière durable les crises qu’il provoque, les écarts de richesses et les inégalités abyssales les poussent surement à organiser ce repli identitaire, à développer ce discours de citadelle assiégée, de repli nationaliste pour verrouiller, diviser, écraser, contenir.
Mais ce point mérite réflexion.
Dans cette révolution conservatrice et identitaire menée par une partie de la bourgeoisie, qu’est ce qui est de la simple stratégie et de la conviction profonde?
Une chose est sur, le racisme n’est plus pour eux un simple outil de division, il devient un véritable projet politique, culturel, idéologique. Et nous devons en prendre la mesure.
Septième enseignement: si le verni s’effrite, que les masques tombent, que cette bourgeoisie se radicalise, c’est qu’ils ne sont pas serein, que la colère et les mobilisations, le sursaut électoral, la participation en hausse, l’émergence du NFP malgré leur violente campagne de diabolisation et les moyens colossaux qu’ils y consacrent ne fonctionne pas aussi bien qu’ils l’espéraient.
Les résultats des élections législatives tels qu’ils ont été, ne faisaient pas parti de leurs calcul, il reste un cailloux dans la chaussure.
Ce contexte doit alimenter la réflexion. Tout montre pour le moment que la stratégie du compromis, de la composition ne peut pas fonctionner. Seul le durcissement du rapport de force, l’élargissement de la mobilisation de notre classe peut leur tordre le bras.
Nous n’avons pas de recette miracle. Mais face à ce rouleau compresseur, le Nouveau Front Populaire étendu aux forces sociales, associatives, syndicales, est une digue à partir de laquelle nous pouvons construire.
Elle est bien fragile mais elle a déjà déjoué des scénarios écrits d’avance.
Et pour le moment, c’est tout ce que nous avons.
Source link : https://blogs.mediapart.fr/pierric-annoot/blog/190724/faire-grandir-le-nouveau-front-populaire-contre-une-bourgeoisie-radicalisee
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Publish date : 2024-07-19 13:44:12
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