Vigilance des agences de notation, déficit excessif, dette abyssale… Dans quel état se trouve notre économie ?
Elle est dégradée, au moins depuis la covid, même si les aides distribuées pendant cette période étaient justifiées. En réalité, plusieurs choix budgétaires décidés par Emmanuel Macron ont conduit à cette situation. Il y a, d’abord, les baisses d’impôts : taxe d’habitation, suppression de l’ISF, allègement d’impôts de production, etc. Elles nous coûtent 60 milliards d’euros par an, soit deux à trois points de PIB. De plus, malgré l’effet de relance post-covid, avec une baisse du taux de chômage, le gouvernement n’a pas fait d’économies. Il y a certainement eu un manque de pilotage au niveau de la distribution des aides. Quoi qu’il en soit, notre dette demeure soutenable, même si les taux d’intérêt augmentent. En revanche, notre déficit excessif a été épinglé par l’Union européenne et nous risquons des sanctions.
C’est assez incertain. Des études montrent que la hausse du Smic a peu d’impact sur l’économie. D’abord parce que les entreprises soumises à la concurrence internationale payent déjà leurs employés un salaire supérieur à 1 600 euros. Cette mesure fragilise donc davantage les TPE et PME. Si elle est mise en place, il faudra la compenser par des aides à la trésorerie.
Simon-Pierre Sengayrac est professeur de finances publiques à Sciences Po. (Photo Paul Ternisien)La hausse des défaillances d’entreprises rend-elle la hausse du Smic d’autant plus problématique ?
Ces entreprises en défaillance étaient, la plupart du temps, structurellement déjà affaiblies depuis la covid. Donc non.
Peut-on financer un retour de la retraite à 60 ans ?
La retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation n’est pas finançable. Le budget annuel a été chiffré à 80 milliards d’euros par an. Il va donc falloir réserver cette retraite-là aux carrières longues et pénibles.
Le NFP va-t-il devoir s’affranchir des règles européennes sur le déficit pour mettre en œuvre son programme ?
Le programme du NFP est le seul à être équilibré car il propose des nouvelles recettes par la taxation des superprofits ou encore la fiscalité écologique. C’est un programme généreux qui signerait le retour du keynésianisme, abandonné par François Hollande. Nous jouons aujourd’hui à nous faire peur car cela reste très modéré dans l’histoire de l’économie. Ce modèle a permis aux Français d’avoir le confort qu’ils ont aujourd’hui. Mais, de manière réaliste, toutes ces mesures devront être étalées dans le temps. Le choc fiscal crée un ras-le-bol. Il vient aussi réduire l’activité économique.
L’impôt peut-il permettre de faire face à l’urgence climatique ?
Oui, via la mise en place d’une taxe sur la pollution ajoutée (TPA). Ce serait le miroir environnemental de la TVA, première recette fiscale de l’État. Pour ce faire, il suffit de calculer l’empreinte environnementale d’un produit et d’inciter les consommateurs à se tourner vers les circuits courts. Mais il existe plusieurs freins, notamment le mode de calcul de cette taxe, ainsi que son effet inflationniste. Pour l’appliquer, il faudrait donc distribuer des chèques environnementaux aux classes populaires afin qu’elles se tournent vers les types de produits peu taxés. Le mieux serait de le mettre en place au niveau européen mais la matière fiscale de l’UE repose sur l’unanimité.
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Publish date : 2024-07-11 16:03:41
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