Sa veste verte est désormais si célèbre qu’il n’est pas facile, pour les chefs de file du Nouveau Front populaire (NFP), de se réunir incognito cette semaine avec Marine Tondelier. « On cherche des lieux sûrs », loin des journalistes, confirme la secrétaire nationale des Ecologistes à la presse qui traque l’« insoumis » Manuel Bompard, le socialiste Olivier Faure et le communiste Fabien Roussel un peu partout dans Paris. Au soir du premier tour, les motards des chaînes de télé poursuivaient la voiture blindée du président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, comme s’il était déjà premier ministre ; depuis la victoire du NFP aux législatives, dimanche 7 juillet, ce sont les chefs de la gauche que les caméras à moto suivent à travers la capitale. « On va finir par faire des zooms », soupirent-ils, épuisés.
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Tout est allé si vite ! « La victoire, on n’y croit pas nous-mêmes », confiait deux jours avant le second tour Olivier Faure, le patron du Parti socialiste (PS), qui double le nombre de députés socialistes par rapport à 2022. Dimanche soir, à l’Elysée, Emmanuel Macron n’en revient pas non plus en découvrant la gauche en haut du podium, première force parlementaire devant le parti présidentiel et le RN. Les chefs des partis du NFP sont eux aussi sonnés. « Ils pensaient se réveiller Jean Moulin et les voilà Léon Blum », résume Jean-Christophe Cambadélis, ancien architecte de la gauche plurielle.
Pris de court, aucun des chefs de l’alliance n’a songé à lancer dimanche soir l’idée d’un gouvernement de « défense républicaine ». Leur score doit au puissant barrage érigé par les Français pour tenir l’extrême droite à l’écart du pouvoir, mais personne ne tente une formule s’émancipant de la coalition électorale. Dès 20 h 05, Jean-Luc Mélenchon adopte le même ton triomphal de ceux qui détiendraient seuls la majorité absolue, quoique l’alliance de quelque 182 députés n’atteint pas, loin s’en faut, le seuil des 289. « Tout le programme, rien que le programme. » Voilà ce que rappellent les « insoumis », s’enflammant parfois comme Manon Aubry, qui, sur BFM-TV, explique qu’il faut « abroger la réforme des retraites » par « des décrets » – il faut en réalité passer par la loi.
Après les plateaux télé, les quatre chefs de parti Marine Tondelier (Ecologistes), Manuel Bompard (La France insoumise, LFI), Olivier Faure (PS) et Fabien Roussel (Parti communiste français) se retrouvent tard dans la soirée, dans une salle sans âme du siège du PS, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Entre eux. Sans motards. Sans caméras. Autour des tables carrées, les quatre partenaires discutent jusqu’au creux de la nuit. L’idée : gouverner seuls, sans négocier de coalition avec les troupes d’Emmanuel Macron, et décrocher des votes texte par texte… Une illusion. Il faut surtout tenter de trouver au plus vite une personnalité à proposer pour Matignon.
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Publish date : 2024-07-09 09:07:59
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