Naïma Moutchou, députée sortante et candidate Horizons dans la 4e circonscription du Val-d’Oise, à Paris, le 7 septembre 2023. JULIEN DE ROSA / AFP
Dimanche 30 juin, dans les heures qui suivent les résultats du premier tour. Le téléphone de Sébastien Meurant, candidat dans la 4e circonscription du Val-d’Oise, se met à vibrer. Au bout du fil, la députée sortante Naïma Moutchou. Les chiffres viennent de tomber, et ils ne sont pas bons pour la candidate Horizons. Cette proche d’Edouard Philippe se classe deuxième, avec 27,9 %, loin derrière Karine Lacouture, la candidate « insoumise » du Nouveau Front populaire (NFP), qui obtient 34,6 % des voix. Sous étiquette Les Républicains-Rassemblement national (LR-RN), Sébastien Meurant et ses 26,2 % deviennent objet de convoitise. « A votre avis, pourquoi elle m’a appelé ?, s’amuse ce dernier. Elle m’a expliqué que si l’on se maintenait tous les deux au second tour, nous faisions élire La France insoumise. »
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Il écoute son interlocutrice, dont il interprète l’appel comme une demande de désistement pour faire barrage au NFP. Les deux concurrents partagent peu ou prou la même analyse. Pour Mme Moutchou, la coalition des gauches « abîme notre cohésion nationale », écrit-elle dans un communiqué. Pour M. Meurant, elle est « l’attelage de l’islamo-gauchisme et du “wokisme” qui veut détruire notre nation. » Mardi 2 juillet, peu avant la date de fin du dépôt des candidatures, il annonce finalement se désister « face au danger grave que représente la possible élection d’une candidate LFI » et appelle à voter Naïma Moutchou.
Sollicitée par Le Monde, cette dernière n’a pas donné suite. « Que ce soit clair, il n’y a jamais eu d’accord ou de compromission avec qui que ce soit », jure-t-elle, le même jour, dans un message posté sur X. Car le désistement de M. Meurant, conjugué à son soutien, fait tache. Sénateur de 2017 à 2023, il est l’un des rares LR à rejoindre Eric Zemmour lors de l’élection présidentielle de 2022. Relais au Sénat de la mouvance catholique conservatrice, il s’est opposé à la constitutionnalisation de l’IVG, en février 2023, ainsi qu’à l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes, en 2018, qu’il qualifie de « rupture anthropologique ».
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Combien sont-ils parmi les candidats de la majorité sortante à avoir sondé leurs concurrents d’extrême droite pour les inciter à se désister afin de « faire barrage » au NFP ? Peu après que les résultats du premier tour sont connus, dimanche 30 juin, le député sortant Renaissance Robin Reda le reconnaît : il a composé le numéro de son collègue à l’Assemblée nationale, le député RN sortant de la Somme, Jean-Philippe Tanguy. La configuration est critique dans sa circonscription de l’Essonne, où M. Reda compte plus de 10 points de retard sur sa concurrente insoumise du NFP, qui obtient 40,8 % des voix contre 30 % pour le candidat de la coalition présidentielle.
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Publish date : 2024-07-05 10:11:24
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