Au fil de la journée, mardi, les candidats du Nouveau Front populaire ou Renaissance arrivés troisièmes, ont annoncé leur retrait, réduisant le nombre de triangulaires. Il n‘y en aura que huit en région.
« Qui a pu avoir un instant un doute que nous n’étions pas républicains. » Il était 16 h, ce mardi, lorsque la ministre Patricia Miralles, arrivée 3e dans la 1re circonscription de l’Hérault, loin de ses deux rivaux, a enfin levé le voile sur sa décision de se maintenir, ou non, en vue du second tour. Suivant les consignes du président de la République et du Premier ministre, Mme Mirallès s’est finalement retirée de la course à l’Assemblée nationale. Comme, quelques heures avant, sa collègue du gouvernement Dominique Faure en Haute-Garonne. Comme, la veille, ses camarades héraultais de Renaissance Laurence Cristol et Patrick Vignal. Comme nombre de candidats de la future ex-majorité présidentielle et du Nouveau Front populaire partout en France. Chaque fois avec la même consigne, plus ou moins appuyée selon l’amertume du battu ou la couleur politique du rival ainsi favorisé : « Pas une seule voix pour le Rassemblement national. »
216 désistements, 401 duels en perspective
À quelques heures de la clôture des dépôts de candidatures dans les préfectures, ces désistements en série ont considérablement redessiné le paysage du second tour de ces législatives anticipées. Dimanche, au soir du premier tour marqué par une très forte participation, qui abaissait le seuil de qualification, le nombre record de 306 triangulaires et cinq quadrangulaires s’annonçait, pour 190 duels. Mardi à 17 h, avec 216 désistements (dont 129 du Nouveau Front populaire et 81 de Renaissance et ses partenaires), ce nombre s’abaissait à 97 triangulaires et deux quadrangulaires. Soit 401 duels en perspective.
L’Occitanie a contribué à ce mouvement. Sur les 43 circonscriptions encore en jeu, dimanche prochain, trente triangulaires semblaient se dessiner. Il n’en restait plus, mardi en fin d’après-midi, que huit, dont six côté Midi-Pyrénées et deux en Languedoc-Roussillon : la 1re circonscription de Lozère, où le sortant divers droite Pierre Morel-à-l’Huissier a finalement décidé de se maintenir, pour jouer l’arbitre entre la PS Sophie Pantel et le RN Luc-Étienne Gousseau, au coude-à-coude ; la 6e de l’Hérault, si particulière, où l’insoumise Magali Crozier a bénéficié de l’accord de Jean-Luc Mélenchon de ne pas délaisser le champ de bataille où vont se déchirer le RN Julien Gabarron et Emmanuelle Ménard.
Ailleurs, ces désistements peuvent permettre, çà et là, de freiner le Rassemblement national dans sa conquête du pouvoir. À l’image de l’Aveyron, par exemple, où les sortants Renaissance Stéphane Mazars et Jean-François Rousset semblent désormais plus assurés de sauver leur siège, comme l’insoumis Laurent Alexandre sur la 2e circonscription. Dans l’Hérault, la gauche a désormais la voie libre pour reprendre la 3e circonscription, peut-être même la 1re. En Midi-Pyrénées aussi, quelques sièges peuvent être finalement arrachés, en Haute-Garonne, dans le Gers ou en Hautes-Pyrénées.
Un enjeu toujours plus clair
Ces désistements ont toutefois une incidence : ils semblent définitivement empêcher la gauche de s’offrir la majorité absolue, dimanche soir. Avec 32 élus au premier tour, il manque encore 257 députés au Nouveau Front populaire pour atteindre le seuil de 289 élus. Or, il ne reste plus que 316 candidats, dont 125 seulement sont arrivés en tête. Il faudrait à l’alliance de gauche renverser la tendance dans plus d’une centaine de circonscriptions.
La problématique est évidemment encore plus abrupte pour Renaissance et ses partenaires, qui ne sont plus qu’en lice que dans 235 circonscriptions, avec “seulement” une soixantaine de ballottages favorables… même si les duels peuvent permettre aux macronistes de redresser quelque peu la barre lors de ce second tour.
« Ce Front républicain n’empêchera pas le Rassemblement national d’avoir le plus gros contingent de députés », nous souffle un cadre de Renaissance, pour lequel l’enjeu est désormais « seulement d’éviter que le parti lepéniste n’obtienne la majorité absolue » et amène donc Jordan Bardella à Matignon. Il n’oublie pas que les duels ne sont pas une assurance anti-RN, puisque les troupes d’extrême droite, en 2022, avaient conquis leurs 89 sièges à la surprise générale dans des matches à deux… « avec une dynamique qui n’était pas celle d’aujourd’hui ».
La première projection, sortie ce mardi, confirme cette tendance. Selon Cluster 17, le RN, avec ses alliés, obtiendrait au mieux 262 sièges, pas assez pour ouvrir les portes de Matignon. Le Nouveau Front populaire pourrait en décrocher entre 137 et 157, quand Renaissance et ses partenaires en arracheraient un peu plus d’une centaine.
Reste tout de même une inconnue. Les fronts républicains, qui ont jusque-là toujours appelé les électeurs de gauche à faire barrage, en votant à droite ou au centre, fonctionneront-ils encore cette fois et dans les deux sens ? C’est désormais la plus grande équation de ce scrutin.
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Publish date : 2024-07-03 04:01:00
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