Mieux que la Nupes il y a deux ans, oui, 28 % au lieu de 25. Mais moins bien que le total gauche des Européennes (31,5%).
L’union fait la force, si tous les alliés tirent dans le même sens. Or, on est saisi d’un doute : le leader Insoumis est-il un moteur ou un frein dans le Nouveau Front Populaire.
Vous avez sans doute entendu le cri du coeur de l’écologiste Marine Tondelier, à ce micro lundi matin. « Je m’en fous de Mélenchon, quand le RN est aux portes du pouvoir ! » On peut partager son sens des priorités, sa hiérarchie des menaces, mais la gauche ne peut pas faire comme si Mélenchon avait disparu.
Surtout quand c’est lui, qui, le soir du premier tour, à 20 heures, analyse le message des urnes, comme si rien n’avait changé, comme en 2012, 2017 ou 2022 ! Dissonance son / image. Côté pile, le son : sans ambiguïté, la gauche se désiste pour faire barrage au RN. Côté face, l’image : pourquoi Rima Hassan, l’eurodéputé en keffieh, à ses côtés ? Elle qui a tant clivé.
Jean-Luc Mélenchon ou la stratégie du coucou, la guêpe dans le nid d’un Front Populaire qu’il n’a pas initié.
Alors, pourquoi le mettre autant en avant ?
C’est là que les torts sont partagés !
À minima, il aurait fallu, dans cet entre-deux-tours, passer la seconde et donner à voir un Premier ministre du nouveau Front Populaire. C’est bien beau de se réclamer de Blum, si on n’a pas de Blum en stock ! Raphaël Glucksmann avait proposé Laurent Berger ? Aussitôt rabroué. Mélenchon occupe le vide !
Et puisqu’il est toujours dans le paysage, il est le punching-ball idéal du bloc central et du RN pour caricaturer la gauche… Avec la complicité (il faut aussi balayer devant sa porte) de certains médias (ils se reconnaîtront) en quête de polarisation.
Au point de rendre impossible le seul débat à 3 de l’entre-deux-tours, celui que BFM devait organiser ce soir. Mélenchon, sinon rien ! réclame Bardella, trop heureux de surjouer la diabolisation d’un « islamo-gauchiste et antisémite ». Au lieu de faire le ménage chez lui, au RN, chaque jour qui passe révélant son lot de candidats nauséabonds, déguisés en nazis, ou fantoches, sous curatelle !
Jean-Luc Mélenchon n’est plus ni député, ni sénateur, pas candidat, pas président de groupe, même pas coordinateur de son parti.
Mais il parle, souffle le chaud pour le front républicain ou le froid quand il faut purger !
Il parle ou fait parler : bien sûr qu’il faudra Mélenchon ou un Insoumis à Matignon, lâche la députée LFI Sofia Chikirou. Propos calculés, délétères à gauche, et repoussoir pour la droite et le centre, confortés dans leur « ni-ni ».
Que veut Mélenchon ? Emerger du chaos ? En cas de majorité absolue RN, après l’hypothétique démission d’Emmanuel Macron ?
Pour une tortue, même Sagace, il est très périlleux de courir deux lièvres à la fois.
Source link : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/l-edito-politique-du-mercredi-03-juillet-2024-1937220
Author :
Publish date : 2024-07-03 05:37:30
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.