Après le premier tour des législatives, la campagne de l’entre-deux-tours s’est ouverte lundi avec de nombreux désistements, permettant d’éviter des triangulaires favorables à l’extrême droite. Du côté de la majorité présidentielle, des LR et de LFI, certains candidats ont toutefois décidé de se maintenir. France 24 a listé plusieurs circonscriptions où les écarts tenus et le jeu des alliances peuvent tout changer.
Avec 33,1 % des voix, l’extrême droite du Rassemblement national (RN) et de ses alliés caracole en tête du premier tour des législatives du dimanche 30 juin, selon le ministère de l’Intérieur, devançant le Nouveau Front populaire (NFP) à 28 %, et Ensemble, la coalition présidentielle, à 20 %. Les Républicains non ralliés au RN ont réuni 6,7 % des voix. La participation s’élève à 66,7 %.
Pour l’heure, les sondages évaluent entre 250 et 300 le nombre de sièges du RN à l’issue du second tour, mais ces estimations ne prennent pas en compte les stratégies électorales qui seront menées d’ici là pour faire barrage au parti.
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Il y a une semaine, l’hebdomadaire Marianne parlait déjà de « swing-circos » pour qualifier les circonscriptions « qui peuvent basculer d’un camp à un autre, un peu à la manière des swings states américains ». L’expression n’aura jamais été aussi juste, à l’heure où la France va compter 307 triangulaires et six quadrangulaires, selon le ministère de l’Intérieur. Les candidats qualifiés ont jusqu’à mardi 18 heures pour déposer leur candidature en préfecture.
France 24 se penche sur les enjeux du second tour, prévu dimanche 7 juillet, à travers plusieurs circonscriptions à suivre de près.
4e circonscription de la Sarthe : Marie-Caroline Le Pen et les 35 voix qui séparent ses rivales
La sœur de Marine Le Pen, candidate pour le Rassemblement national dans la 4e circonscription de la Sarthe, est arrivée en tête avec 39,26 % des votes dans ce fief de François Fillon, ancien candidat du parti Les Républicains lors de la présidentielle de 2017.
Marie-Caroline Le Pen, membre du Rassemblement national (RN), lors d’une conférence de presse au Mans, le 18 juin 2024. © AFP, Guillaume Souvant
Dans cette circonscription, lors des législatives de 2022, seules 87 voix avaient permis à la LFI de l’emporter devant le RN. Dimanche, Élise Leboucher (Nouveau Front populaire – LFI) arrive en deuxième position avec 25,94 %. La majorité présidentielle récolte, quant à elle, 25,88 % des suffrages, avec Sylvie Casenave-Péré.
Un désistement de l’une des deux candidates aurait pu permettre à la seconde de l’emporter sur l’extrême droite dans cette circonscription qui inclut la ville du Mans. Mais Sylvie Casenave-Péré a annoncé lundi 1er juillet sur France Bleu le maintien de sa candidature au second tour, malgré sa troisième place. Il faut dire que le premier tour s’est joué dans un mouchoir de poche : seule 35 voix ont permis à Élise Leboucher de devancer sa rivale de la majorité présidentielle.
Celle-ci peine à exprimer une position claire sur le second tour, entre ceux qui, comme Edouard Philippe ou Bruno Le Maire, ne veulent ni du RN ni de LFI, et ceux qui, comme l’ancien ministre Clément Beaune, ont appelé à se désister en faveur du Nouveau Front populaire, y compris lorsqu’il s’agit d’un candidat LFI.
1re circonscription de la Somme : François Ruffin va-t-il bénéficier des votes macronistes ?
Tout en critiquant LFI, d’autres ténors de la majorité comme François Bayrou et le président de l’UDI Hervé Marseille ont, eux, évoqué un examen au cas par cas, en fonction des profils et des circonscriptions.
Ainsi dans la 1re circonscription de la Somme, la candidate Ensemble Albane Branlant a annoncé son désistement « face au risque du Rassemblement national ». « Je fais une différence entre des adversaires politiques et les ennemis de la République », a-t-elle déclaré.
Une partie des votes de la candidate macroniste pourraient bénéficier à la figure LFI François Ruffin, en ballotage défavorable face au RN avec 33,92 % des voix contre les 40,69 % obtenus par la candidate du Rassemblement national Nathalie Ribeiro-Billet. Albane Branlant avait rassemblé 22,68 % des suffrages.
Preuve du désaccord entre candidats marconistes, dans le territoire voisin, la 2e circonscription de la Somme, le candidat Ensemble Hubert de Jenlis, arrivé troisième (25,23 %) derrière l’Insoumise Zahia Hamdane, investie par le Nouveau Front populaire (29,54 %) et le candidat Rassemblement national Damien Toumi (27,46 %), a refusé pour le moment de se désister. Cet adjoint à la mairie d’Amiens accuse la candidate de gauche de « défendre le désordre ».
14e circonscription des Bouches-du-Rhône : pas de désistement au profit du PS
Dans cette circonscription du sud de la France, la députée sortante de la majorité présidentielle à Aix-en-Provence, Anne-Laurence Petel, a choisi de se maintenir.
« Le candidat de gauche a déjà perdu », a-t-elle assuré à l’AFP pour justifier son refus de se retirer au profit de Jean-David Ciot (29,48 %), qui est pourtant un candidat investi par le PS auprès du Nouveau Front Populaire. Le candidat RN Gérault Verny est quant à lui arrivé en tête avec 31,65 % des voix exprimées.
« Je suis la seule à pouvoir rassembler les voix démocratiques et républicaines », a plaidé l’élue Renaissance, qui a drainé 28,91 % des suffrages dimanche, en évoquant notamment les électeurs LR du premier tour (5,63 %), qui « ne voteront jamais pour Jean-David Ciot », ex-premier secrétaire du PS dans le département et proche de l’ancien sénateur Jean-Noël Guérini, condamné dans une affaire de marchés truqués.
L’élue aixoise a assuré avoir pris cette décision en accord avec son parti et avec le Premier ministre Gabriel Attal, ajoutant ainsi à la cacophonie au sein du camp présidentiel.
1re circonscription de Corrèze : le candidat LR veut barrer la route au RN et à François Hollande
Dans son fief historique, l’ancien président socialiste François Hollande est arrivé en tête avec 37,63 % des voix sous l’étiquette Nouveau Front populaire. Il dépasse de peu la RN Maïtey Pouget, qui a remporté 30,89 % des suffrages.
L’ancien président français François Hollande, après l’annonce des résultats du premier tour des législatives, à Tulle, le 30 juin 2024. © AFP, Pascal Lachenaud
Mais dans cette la 1re circonscription de Corrèze se profile l’une des triangulaires à suspens de cette élection, avec le député sortant Francis Dubois. Ce candidat LR a décidé de se maintenir au second tour, misant sur ses 28,64 % pour barrer la route à l’ancien chef d’État socialiste et au RN. Il estime que François Hollande ne dispose pas de « réserve de voix » et veut encore croire à un sursaut de la droite au second tour, a-t-il confié au quotidien régional La Montagne.
10e circonscription du Nord : Gérald Darmanin a besoin des voix du Nouveau Front Populaire
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est arrivé en tête dans la 10e circonscription du Nord, devant le RN, avec 36,03 % des voix contre 34,31 % pour Bastien Verbrugghe. Loin derrière, la candidate du Nouveau Front populaire, Leslie Mortreux, s’est également qualifiée avec 24,83 % des votes.
Issue des rangs de la REV (Révolution écologique du vivant), parti antispéciste allié à LFI, elle n’a pas annoncé de désistement. Du côté du Nouveau Front populaire, les partis ont déjà donné une consigne claire : tout candidat arrivé en troisième position devra se retirer. Mais pour La France insoumise, cela vaudra seulement là où le RN est « arrivé en tête », a précisé Jean-Luc Mélenchon, ce qui n’est donc pas le cas dans cette circonscription, qui couvre notamment la ville de Tourcoing.
Le coordinateur de la LFI, Manuel Bompard a ainsi indiqué que La France insoumise ne se retirerait pas dans la circonscription de Gérald Darmanin.
6e circonscription du Calvados : Le Nouveau Front Populaire veut « sauver » Elisabeth Borne
L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne (Ensemble) est arrivée en deuxième position dans sa circonscription de Normandie, derrière le candidat RN Nicolas Calbrix, selon des résultats définitifs du ministère de l’Intérieur.
Élisabeth Borne est qualifiée pour le deuxième tour des élections législatives avec 28,93 % des voix, derrière le candidat du RN (36,26 %). Le candidat NFP Noé Gauchard est arrivé troisième avec 23,16 % des suffrages exprimés, et même s’il est en position de se maintenir au second tour, le candidat LFI de 24 ans a annoncé qu’il se désistait.
« Une décision extrêmement difficile », a-t-il commenté, tout en pointant « la responsabilité » d’Élisabeth Borne et du gouvernement « qui a mis dos à dos l’extrême droite et la gauche humaniste et progressiste ». « Nous refuserons toujours d’être soit complices, soit coupables, de l’accession de l’extrême droite au pouvoir », a-t-il expliqué dimanche soir sur France Bleu Normandie.
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En 2022, avant d’entrer à Matignon, la députée sortante ne s’en était sortie qu’avec 52,5 % devant le jeune candidat insoumis. « Nous allons la sauver », a affirmé le patron du PS Olivier Faure.
2e circonscription de l’Yonne : 900 voix d’écart en 2022
Dans la circonscription proche d’Avallon, de Chablis et de Tonnerre, située dans le centre-est de la France, le RN avait perdu avec moins de 900 voix d’écart derrière les marconistes lors des législatives de 2022. Cette fois, les électeurs ont plébiscité l’extrême droite à 44,51 %, grâce à l’alliance RN/LR porté par la candidate Sophie-Laurence Roy, qui passe devant le député Horizons sortant, André Villiers (29,33 %).
En troisième position, le candidat du Nouveau Front populaire, Philippe Veyssiere, qui recueille 19,50 % des voix, vient de se désister en appelant à votre « contre le RN ». Si ses électeurs le suivent, le second tour dans la seule circonscription non-RN de l’Yonne va se jouer, une fois encore, dans un mouchoir de poche.
Face à ces exercices d’arithmétique électorale propre au scrutin majoritaire à deux tours, le camp présidentiel et le rassemblement des gauches au sein du Nouveau Front populaire ont un peu moins de 48 h pour obtenir les désistements de candidats de leurs camps et tenter de limiter l’ampleur de la victoire du RN, dimanche 7 juillet.
Avec AFP
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Publish date : 2024-07-01 13:14:34
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