RN et Nouveau Front populaire sont d’accord sur un point : ils veulent abroger la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Cette semaine, Jordan Bardella a réitéré sa volonté de donner la priorité aux carrières longues dès l’automne : « Les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités pourront partir à la retraite dès 60 ans », promet-il. « La France qui se lève tôt, celle qui exerce des métiers difficiles, notamment des métiers manuels, a droit à la retraite en bonne santé », justifie-t-il.
Pour les autres salariés, Jordan Bardella maintient sa promesse d’un âge légal « de 62 ans et un nombre d’annuités allant jusqu’à 42 années de cotisation ». Le président du RN suspend toutefois le calendrier de mise en œuvre de cette réforme en attendant un « audit budgétaire », prévu à son arrivée au pouvoir et « au regard des marges que celui-ci nous aura permis d’identifier ». Pour mémoire, la retraite à 60 ans était un marqueur de la campagne présidentielle 2017 du RN. Avant même un audit que commanderait le Premier ministre Bardella, le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) établit que, loin d’être résorbé, le déficit du régime atteindra 14 milliards d’euros, malgré la réforme d’Élisabeth Borne.
Bardella évoque 66 ans lors du débat
Une phrase de Jordan Bardella est toutefois venue jeter le trouble lors du débat organisé, mardi soir, sur TF1. Questionné sur l’âge de départ à la retraite d’une personne ayant commencé à travailler à 24 ans, il a répondu : « Vous partirez avec 42 annuités de cotisation, c’est-à-dire 66 ans ». Sans préciser si c’était à taux plein ou pas.
Ses adversaires n‘ont pas manqué de railler cette réponse, comme le communiste Ian Brossat, sur X : « Le programme du RN : la retraite à 66 ans ». Des candidats RN aux législatives ont tenté de s’expliquer dès ce mercredi matin, comme Julien Odoul sur RMC. « Cet individu qui commence à travailler à 24 ans pourra partir à 62 ans avec une décote », a-t-il assuré.
À gauche, on reste flou sur les modalités
Du côté du Nouveau Front populaire, l’objectif est clair : abrogation de la réforme des retraites et nouvelle « grande loi » avant 2027 sur un retour de la retraite à 60 ans. Les modalités le sont moins. À ce stade, les partis de gauche restent notamment flous sur la durée de cotisation requise. L’abrogation de la réforme Macron, qui a bougé le curseur de l’âge légal, ne signifie pas forcément celle de la précédente réforme, dite Touraine. Celle-ci allonge peu à peu la durée de cotisation minimale jusqu’à 43 ans, pour tous les Français nés à partir de 1973 (repoussant, dans les faits, l’âge de départ à la retraite, sauf à subir une décote sur le montant de sa pension). Pour financer son projet, le NFP entend, selon Les Échos, mobiliser une « surcotisation sur les hauts salaires » et mettre à contribution « les revenus qui échappent à la cotisation, comme les dividendes, les rachats d’actions, l’intéressement ou la participation ». Les partis de gauche prévoient aussi une hausse des cotisations vieillesse (de 0,25 point par an pendant cinq ans) et une modulation des cotisations sociales patronales.
Plus d’un an après l’adoption au forceps de la réforme des retraites (qui relève progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans), une large majorité de Français expriment toujours, au gré des sondages, leur mécontentement sur ce choix politique. Un choix qui « n’a pas été populaire » mais qui « correspond à l’éthique de responsabilité » et qui était nécessaire pour la pérennité du système, a défendu Emmanuel Macron lors de la conférence de presse qui a suivi la dissolution de l’Assemblée nationale. Il a rappelé le déficit du régime, légèrement revu à la hausse par le COR, qui l’évalue à -0,4 % du PIB en 2030.
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Publish date : 2024-06-26 13:43:51
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