Alors que la campagne express pour les élections législatives anticipées bat son plein, il semble que tous les coups soient permis pour certains candidats. Investi dans la 3e circonscription de l’Yonne, le député sortant du Rassemblement national Julien Odoul a récemment été épinglé sur les réseaux sociaux pour ses tracts, accusés d’être trompeurs.
Partagées par la journaliste Victoire Tuaillon sur X, des photos des tracts en question permettent de prendre connaissance d’une série de mesures attribuées à l’« extrême gauche », c’est-à-dire au Nouveau Front populaire, comme l’indique le logo de la coalition de gauche placé en haut de la page en question. Sur ce tract, des photos des personnalités de gauche Louis Boyard, Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon (LFI), Philippe Poutou (NPA) et le candidat socialiste Nicolas Soret, adversaire de Julien Odoul dans l’Yonne. En opposition, sur la page suivante, le tract détaille les mesures du « choix de la république », c’est-à-dire celles du Rassemblement national.
Photo du tract partagée sur les réseaux sociaux. - Capture d’écran
Nombreux sont les internautes à dénoncer des mesures trompeuses et exagérées attribuées au Nouveau Front populaire. Qu’en est-il vraiment ? 20 Minutes fait le point.
« Désarmement de la police, suppression de la brigade anti-criminalité »
Pour vérifier la véracité de ces affirmations, il est relativement simple d’aller les comparer au programme du Nouveau Front populaire, disponible en ligne. Le premier point attribué au NFP concerne les mesures sur la police. Le programme ne propose en réalité rien d’aussi absolu que veut le faire croire le tract. Pour « apaiser », le programme prévoit de « déployer de premières équipes de police de proximité, interdire les LBD et les grenades mutilantes, et démanteler les BRAV-M » dès les quinze premiers jours en cas de victoires aux législatives.
Il n’est donc pas question d’interdire toutes les armes aux policiers. Le démantèlement de la brigade anti-criminalité (Bac), faisait partie des mesures portées par Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2022. Le programme de la Nupes, pour les législatives qui suivaient, proposait quant à lui de « redéployer les effectifs des Bac et BRAV-M après une formation de quelques mois ».
« Accueil inconditionnel de tous les migrants et naturalisation des clandestins »
Le programme du Nouveau Front populaire propose d’abroger les lois
asile et immigration, ainsi que de mettre en place un certain nombre de mesures pour « garantir un accueil digne » aux demandeurs d’asile. On peut notamment citer le fait de « faciliter l’accès aux visas, régulariser les travailleurs, étudiants, parents d’enfants scolarisés et instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence », ou encore la création d’un statut de déplacé climatique. Mais il est exagéré de parler d’un accueil inconditionnel et d’une naturalisation de tous les migrants, comme le laisse entendre le tract.
« Soutien aux islamistes et abrogation de la loi sur le séparatisme »
Ici, le tract dit vrai. Le programme prévoit effectivement d’abroger, entre autres, « les dispositions liberticides » la loi « séparatisme », qui avait été adoptée en 2021. Les partis de gauche étaient alors vivement opposés à ce texte, considérant qu’il stigmatisait les personnes musulmanes, et une marque de « défiance à l’égard des associations », dont elle proposait un contrôle renforcé.
« Fermeture de CNEWS et censure de tous les journalistes qui ne sont pas de gauche »
Le texte du Nouveau Front populaire ne prévoit pas l’interdiction d’une chaîne en particulier. En revanche, il contient des mesures contre la concentration des médias, et prévoit notamment d’« exclure des aides publiques les médias condamnés pour incitation à la haine ou atteinte à la dignité des personnes ». La coalition de gauche dénonce en effet « l’omniprésence des discours islamophobes dans certains médias, de presse écrite ou audiovisuelle ».
« Soutien aux squatters et viol de la propriété privée, racket de votre épargne pour financer la politique d’immigration »
Cette affirmation fait sûrement référence à l’abrogation de la loi Kasbarian, prévue par le programme de la gauche. Le texte considère en effet que cette loi, surnommée « loi anti-squat » votée en juillet dernier, « criminalise les locataires ». La loi prévoit de réprimer plus sévèrement le squat, en prévoyant par exemple une amende de 7.500 euros si les locataires refusent se plier à une décision de justice leur ordonnant de quitter leur logement, et en triplant la peine de prison encourue jusqu’alors (qui est passée de 1 à 3 ans).
Les partis de gauche prévoient quant à eux « l’interdiction des expulsions locatives pour impayés sans proposition de relogement », ou encore l’encadrement des loyers et des prix du foncier « de manière obligatoire dans les zones tendues ».
Concernant l’épargne, le Nouveau Front populaire souhaite la création d’un « pôle public bancaire », dont la tâche serait « d’affecter la collecte de l’épargne réglementée vers les besoins sociaux et écologiques ». Enfin, le programme prévoit de soumettre à cotisation les sommes touchées dans le cadre de l’épargne salariale, dont un certain nombre sont aujourd’hui exonérées.
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Publish date : 2024-06-25 14:42:00
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