Tour d’horizon de ce que proposent le Nouveau Front populaire, la coalition présidentielle Ensemble et le Rassemblement national en matière d’économie, de fiscalité, de réindustrialisation, mais aussi de retraites, dont la dernière réforme en 2023 avait mis des millions de Français dans les rues.
Publié le : 25/06/2024 – 15:29
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L’économie jouera-t-elle un rôle important dans ces élections législatives anticipées (30 juin et 7 juillet) alors que le pouvoir d’achat semble être la préoccupation première des Français ? L’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) mise en tout cas sur une refonte de la fiscalité en s’attaquant au patrimoine des plus fortunés pour convaincre les électeurs de la faisabilité de son programme, tandis que le Rassemblement national (RN) se démarque par la mise en place d’une politique nataliste favorisée par la fiscalité. Du côté de la coalition présidentielle Ensemble menée par Gabriel Attal, enfin, il apparaît difficile de se renouveler alors que le Premier ministre a prononcé son discours de politique générale le 30 janvier et qu’Emmanuel Macron est au pouvoir depuis sept ans.
France 24 détaille les mesures que proposent ces trois familles politiques.
« Abolir les privilèges des milliardaires »
L’alliance de gauche compte s’attaquer à la fiscalité dans les 100 premiers jours où elle sera au pouvoir en votant un projet de loi de finances rectificative le 4 août – en référence à l’abolition des privilèges et des droits féodaux votée dans la nuit du 4 août 1789 – visant à accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu en passant de 5 à 14 tranches, à rendre la CSG progressive, à rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui comportera un volet climatique, à supprimer la « flat tax » (un prélèvement forfaitaire unique s’appliquant aux revenus du capital) et rétablir l’ »exit tax » (une taxe sur le transfert de la domiciliation fiscale hors de France), à supprimer les niches fiscales « inefficaces, injustes et polluantes », à réformer l’impôt sur l’héritage pour le rendre plus progressif en ciblant les plus hauts patrimoines et instaurer un héritage maximum, à instaurer une taxe kilométrique sur les produits importés et en taxant les superprofits des agro-industriels et de la grande distribution.
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Ces recettes nouvelles permettront, selon le Nouveau Front populaire, d’abroger les décrets d’application de la réforme des retraites de 2023 qui a passé l’âge de départ légal à 64 ans, ainsi que les réformes de l’assurance-chômage. Le NFP a pour objectif de rétablir à terme la retraite à 60 ans, mais propose d’organiser une grande conférence avec les partenaires sociaux pour étudier comment y parvenir. Avant cela, il promet de rétablir les facteurs de pénibilité au travail supprimés par Emmanuel Macron, de prendre en compte le RSA pour valider des trimestres de cotisation et d’indexer le montant des retraites sur les salaires. Côté recettes, le NFP veut soumettre à cotisation les dividendes, la participation, l’épargne salariale, les rachats d’action et les heures supplémentaires, augmenter de 0,25 point par an pendant 5 ans les cotisations vieillesse, moduler les cotisations sociales patronales et créer une surcotisation sur les hauts salaires.
Sur la vie économique française en tant que telle, La France insoumise, le Parti socialiste, Les Écologistes et le Parti communiste veulent « faire bifurquer l’économie et réindustrialiser la France ». Les partis de gauche proposent d’engager « un plan de reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l’Europe dans les domaines stratégiques (semi-conducteurs, médicaments, technologies de pointe, voitures électriques, panneaux solaires, etc.) », de réaliser un diagnostic préalable des ressources naturelles avant implantation industrielle, d’encadrer la sous-traitance, de garantir la responsabilité du donneur d’ordre et de mettre en place des quotas de sous-traitants issus du tissu de TPE/PME et de l’artisanat local. Ils veulent également conditionner les aides aux entreprises au respect de critères environnementaux, sociaux et de lutte contre les discriminations au sein de l’entreprise, « faire des salariés de véritables acteurs de la vie économique » en leur réservant au moins un tiers des sièges dans les Conseils d’administration et en élargissant leur droit d’intervention dans l’entreprise.
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La gauche souhaite par ailleurs réglementer la banque et la finance « pour éviter de nouvelles crises et financer l’économie réelle » et créer un pôle public bancaire s’appuyant sur la caisse des dépôts et des consignations et la banque publique d’investissement « qui aura notamment pour tâche d’affecter la collecte de l’épargne réglementée vers les besoins sociaux et écologiques ».
Le Nouveau Front populaire promet enfin de défendre les droits des travailleurs. Il organisera une conférence nationale sur le travail et la pénibilité qui aura pour but de rétablir la durée effective hebdomadaire du travail à 35 heures, de passer aux 32 heures dans les métiers pénibles ou de nuit et d’étendre cette mesure aux autres métiers par la négociation collective. Il adoptera en parallèle un plan d’action « zéro mort au travail » qui rétablira les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), permettra l’embauche d’inspecteurs du travail et de médecins du travail, et mettra à jour le tableau des maladies professionnelles en intégrant notamment le burn-out.
« Ensemble pour le travail et le mérite ! »
La coalition présidentielle promet sur le plan fiscal l’inverse du Nouveau Front populaire : une « règle d’or anti-hausse d’impôt ». Elle promet également qu’aucun impôt ne sera appliqué aux successions et donations jusqu’à 150 000 euros par enfant, y compris pour les familles recomposées, ni jusqu’à 100 000 euros transmis aux petits-enfants. En revanche, elle annonce une nouvelle loi cet été pour poursuivre « une lutte implacable contre toutes les fraudes sociales et fiscales ».
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Pour le reste, Ensemble mise également sur la réindustrialisation et affirme que son gouvernement créera 200 000 emplois industriels et 400 usines supplémentaires en maintenant la France comme « le plus attractif d’Europe pour les investissements ». Le projet porté par le Premier ministre, Gabriel Attal, assure aussi vouloir investir « massivement » dans la recherche et les technologies, en particulier dans la santé, grâce au plan « France 2030 ».
La coalition présidentielle promet enfin d’aller « plus loin » dans la simplification administrative pour les TPE et les PME « afin d’encourager toujours la prise d’initiative et la création d’emplois ». Elle entend par ailleurs permettre « à celles qui éprouvent des difficultés à rembourser leurs prêts garantis par l’État de restructurer leur dette ».
« Réaligner les intérêts économiques et les ambitions nationales »
Le projet de Jordan Bardella et Marine Le Pen prévoit lui aussi une réforme de la fiscalité, mais pour favoriser une politique nataliste et faciliter les successions. Il instituera une part fiscale complète dès le deuxième enfant et créera un prêt public à taux zéro transformé en subvention pour les couples qui ont un troisième enfant. Le RN compte également rétablir la demi-part fiscale des veufs et veuves, supprimer les impôts sur l’héritage direct pour les familles modestes et les classes moyennes, exonérer les donations des parents et des grands-parents à leurs enfants et petits-enfants jusqu’à 100 000 euros par descendant tous les 10 ans. Il est enfin question de remplacer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) par un impôt sur la fortune financière (IFF) et de supprimer l’impôt sur le revenu des jeunes de moins de 30 ans « afin de favoriser leur installation durable en France, professionnelle et familiale ».
Le Rassemblement national entend également mettre la finance et la fiscalité au service des entreprises. Il souhaite ainsi créer un Fonds souverain français pour augmenter la rémunération de l’épargne nationale et l’orienter vers les secteurs stratégiques, l’industrie et l’innovation. Il veut supprimer la fiscalité sur les transmissions de TPE/PME/ETI en contrepartie d’un engagement des héritiers à en rester propriétaire pendant au moins 10 ans, exonérer d’impôts sur les sociétés pendant 5 ans les entreprises créées par un jeune de moins de 30 ans et poursuivre la baisse des impôts de production (CVAE) « pour stimuler les implantations industrielles en France ».
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Jordan Bardella compte enfin simplifier l’environnement réglementaire, « conformément aux états généraux de la simplification » qui seront lancés durant l’été 2024, et négocier une réforme du mandat de la BCE pour la tourner vers l’emploi, la productivité et le financement de projets stratégiques de long terme.
Sur les retraites, le RN compte abroger la réforme des retraites de 2023 et mettre en place un système de retraites progressif, « qui incite les jeunes à entrer de manière précoce sur le marché du travail et prend en compte la pénibilité réelle des emplois faiblement qualifiés ». Une conférence sociale qui traitera des conditions de travail doit par ailleurs être organisée dès juillet 2024.
En faisant le choix de la dissolution de l’Assemblée nationale au soir des élections européennes, Emmanuel Macron a contraint les partis politiques à une campagne éclair de trois semaines avant le premier tour des élections législatives anticipées, dimanche 30 juin. Un temps restreint qui oblige France 24 à se concentrer sur l’essentiel et notamment les trois familles politiques en mesure de l’emporter à l’issue du second tour, dimanche 7 juillet. C’est pourquoi notre série d’articles concernant les programmes ne présentera que les propositions du Nouveau Front populaire, de la coalition présidentielle Ensemble et du Rassemblement national – seules ces trois coalitions étant en position d’accéder au pouvoir.
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Publish date : 2024-06-25 13:29:32
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