“Oh, ne perdez pas votre temps, vous prêchez une convertie !”, lâche cette Grenobloise lorsqu’elle ouvre sa porte à Samara et Indy venus lui donner un tract du Nouveau Front populaire (NFP). “Vu ce qu’il y a en face, on a intérêt à les gagner, ces élections”, ajoute la quadragénaire en levant le poing. “De manière générale, l’accueil est assez positif quand on fait du porte-à-porte. Beaucoup nous disent qu’ils sont déjà convaincus”, relate l’étudiante en sciences politiques. “On a aussi beaucoup de gens qui nous demandent comment ça se passe pour les procurations. Celles-ci ont explosé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Macron”, développe son coreligionnaire.
En dix jours, plus d’un million de procurations ont été réalisées à travers la France, selon le ministère de l’Intérieur. À Grenoble, la gauche la plus large possible se mobilise plus que jamais contre l’extrême droite aux portes du pouvoir. Non sans interrogations sur la survie de cette “union sacrée” après les législatives du 30 juin et du 7 juillet.
Au milieu d’un “apéro populaire” dans l’ensoleillé parc Pompidou, Thibaud Pikorki, cosecrétaire de la section socialiste locale, balaie bien vite les procès en divisions faits à cette union des gauches conclue en un temps record.
“Les gens ne retiennent que 10 % des choses qui nous opposent alors qu’on a réussi à se mettre d’accord à 90 %. Les européennes ont permis un vrai rééquilibrage vers le PS, vers la social-démocratie. ”
Force est de constater que le programme du NFP clarifie de nombreuses positions sujettes aux tensions à l’époque de la Nupes : une position claire pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza (malgré une frilosité à qualifier le Hamas d’organisation terroriste), le soutien indéfectible à l’Ukraine, la lutte contre l’antisémitisme, pour ne citer qu’elles.
Malgré ce “rééquilibrage” et un renforcement de son parti, qui gagne une centaine de circonscriptions par rapport à 2022, Thibaud Pikorki est un peu amer. L’union, oui, mais au prix de différentes parts de gâteau dures à avaler. “On fait les frais d’accords qui ont été décidés dans d’autres circonscriptions. Or, dans la première circonscription de Grenoble, par exemple, la liste de Raphaël Glucksmann a fait un carton aux européennes. Mais elle n’est pas attribuée au PS pour les législatives… Alors qu’on mène une guerre contre le RN, on n’a pas mis les meilleurs soldats dans la bataille. Et ce pour des histoires d’accords nationaux dans les bureaux de parti parisiens”, regrette le cosecrétaire de section socialiste locale. L’éviction par la direction de LFI d’une poignée d’élus expérimentés mais hostiles au leadership de Mélenchon ainsi que l’épisode Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, qui a finalement renoncé à son investiture, ont déjà fait tanguer ce Front populaire.
“Nupes 2”
Le jeune Hugo Prévost, qui est justement investi par LFI dans cette première circonscription qui fait enrager Thibaud Pikorki, relativise :
“Il y a forcément des déçus. Ce que je retiens, c’est qu’on a réussi à rassembler des gens comme Philippe Poutou (de la gauche anticapitaliste, NDLR) et François Hollande dans un même mouvement. ”
Et celui qui fera face au sortant Olivier Véran, ancien ministre macroniste, pour toute une première campagne complète : “Dans notre programme, on a de quoi occuper tous les ministères sur tous les sujets qui occupent la vie des Français (le pouvoir d’achat, la santé, l’éducation, etc.)… Alors, oui, on aura des différences, mais plutôt sur l
Source link : https://www.courrierinternational.com/article/vu-de-belgique-nouveau-front-populaire-faisons-barrage-au-rn-gagnons-ces-elections-et-apres-ca-on-s-engueulera
Author :
Publish date : 2024-06-22 13:42:39
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.