Qu’ont en commun Léon Blum, Zinédine Zidane et le capitaine Haddock ? Sur le site collaboratif 24×36.art, tous les trois sont érigés en icônes joyeuses du Nouveau Front populaire à travers une centaine d’affiches. Hauts en couleur et en punchlines, ces visuels ont été largement relayés depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, notamment par l’historienne Mathilde Larrère ou encore la journaliste Mona Chollet. Ils ont aussi fait leur apparition dans les cortèges des manifestations contre l’extrême droite le week-end dernier.
À l’origine de cette initiative, il y a deux graphistes indépendants, Geoffrey Dorne et Mathias Rabiot, qui, trois jours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, créent un site avec l’objectif d’alimenter l’imaginaire visuel de l’union des gauches en vue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Les deux confrères lancent alors un appel à tous les artistes, graphistes et créatifs amateurs qui souhaiteraient participer sous la bannière « 24×36.art », en clin d’œil au Front populaire de 1936. Un seul mot d’ordre : y’a d’la joie !
De Jean Zay à Astérix
24×36.art, Pop en stock, 2024
i
Résultat : plus de 1 400 propositions d’affiches reçues en moins d’une semaine. « La sélection est un crève-cœur », confie le duo de graphistes. Certaines font références à des figures historiques du Front populaire et de la gauche : Léon Blum, Jean Zay, Rosa Luxemburg… D’autres s’emparent d’icônes de la pop culture, réelles ou fictives, comme Aya Nakamura, Astérix ou Grosminet. Côté slogans, on trouve des références à la publicité (« Just make it pop »), des calembours poétiques (« Préavis de rêve », « Quand notre cœur fait Blum ») ou humoristiques (« Front Popul’Hair »).
Plusieurs spécialistes de la communication politique ont salué la créativité de ces affiches sur le réseau social X (ex-Twitter). François d’Estais, responsable de la prospective et de l’innovation éditoriale chez Havas, y a partagé son analyse : « Cela faisait très longtemps qu’on n’avait pas vu en politique une telle richesse graphique spontanée ».
À lire aussi :
Une vue délirante de Paris à la Jérôme Bosch : l’étonnante affiche des JO 2024
Une créativité inspirée par Mai 1968
Cette production collective d’affiches numériques a des airs d’Atelier populaire de l’École des beaux-arts de Paris en mai 1968. Imprimées à plusieurs milliers d’exemplaires et en sérigraphie, les affiches des étudiants en art n’étaient à l’époque pas signées. Une manière d’éviter la personnification de la lutte. C’est aussi l’esprit de 24×36.art. Mais les créateurs n’imposent rien : « Le droit d’auteur, c’est important ! Mais il se trouve que la plupart du temps, les contributeurs préfèrent rester anonymes », explique Geoffrey Dorne.
Ce modèle de production d’affiches, inspiré de Mai 1968, existe aussi à travers le collectif Formes des luttes qui réunit des travailleurs et travailleuses de l’art depuis 2019. Comme 24×36.art, ils se mobilisent « contre l’extrême droite et pour le Front populaire » en diffusant des visuels. Ces derniers ont d’ailleurs lancé un appel aux ateliers de risographie et de sérigraphie pour imprimer leurs propres affiches. Un véritable déferlement créatif, d’internet à la rue !
Arrow
Pour en savoir plus
Rendez-vous sur le site internet de 24×36.art pour découvrir l’intégralité des affiches.
À lire aussi :
Élections européennes : quel sort pour la culture dans un contexte de montée de l’extrême droite ?
Source link : https://www.beauxarts.com/grand-format/des-artistes-se-mobilisent-avec-des-affiches-creees-pour-le-nouveau-front-populaire/
Author :
Publish date : 2024-06-19 05:00:50
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.