François Hollande sera bien candidat aux législatives sous la bannière du Nouveau Front populaire, dont il avait déjà salué la création jeudi dernier, mais cela n’a pas été sans rebondissements. La décision de l’ancien chef de l’État, une première depuis Valéry Giscard d’Estaing, a été annoncée samedi matin… D’abord à la grande surprise du Parti socialiste lui-même, son Premier secrétaire Olivier Faure reconnaissant qu’il avait appris l’information par les journalistes qui l’interrogeaient à ce sujet.
Le Parti socialiste « prend acte » laconiquement
Une décision dont le parti à la rose a fini par assumer, tout en précisant bien qu’elle était à l’initiative de la fédération de Corrèze du PS. « Nous prenons acte de ce choix […] de l’investir », assure le parti dans un communiqué laconique sur le réseau social X, actant également que « François Hollande [avait] déclaré cette semaine qu’il se reconnaissait dans la démarche et le projet du Nouveau Front populaire, écologique et social ». De quoi montrer aussi une certaine gêne, voire une méfiance.
Ce pied dans la porte inattendu a vite fait réagir : car si François Hollande a la légitimité locale pour se présenter à nouveau à l’Assemblée nationale (il a déjà été député de Corrèze de 1997 à 2012), il a depuis été également président de la République, dans un quinquennat pas franchement célébré par les autres partis de gauche. Emmanuel Macron est d’ailleurs son ancien ministre de l’Économie, même si l’ancien président a largement pris ses distances depuis 2017.
Beaucoup se posent cette question : est-ce un atout ou un obstacle dans cette campagne ? Va-t-il devenir un bouc émissaire ou la preuve que cette alliance est plus raisonnable que ne le dit Emmanuel Macron ? « C’est un rééquilibrage nécessaire », assure un soutien de François Hollande. « Il fallait une grande voix social-démocrate dans cette union. » Un député socialiste prévient déjà : « Pas question qu’il brigue Matignon, ça n’existera pas ! »
Dans le cortège contre l’extrême droite cet après-midi, un militant communiste rappelle qu’il n’a « pas laissé un grand souvenir d’homme de gauche ayant mené une politique de gauche ». « Mais ce n’est pas un problème : le problème principal, c’est le danger républicain. Il faut hiérarchiser les problèmes. »
« À situation exceptionnelle, je dois prendre une décision exceptionnelle »
Une position similaire à celle de François Hollande lui-même, qui s’est exprimé depuis Tulle dans l’après-midi. « Si j’ai pris cette décision, c’est parce que j’ai estimé que la situation était grave, plus qu’elle ne l’a jamais été. Parce que le danger représenté par l’extrême droite est aujourd’hui avéré : jamais elle n’a été aussi proche du pouvoir depuis la Libération. Comment rester indifférent ? Ensuite, parce que s’est installée depuis plusieurs jours une confusion politique regrettable : des ralliements, des conciliabules, qui ne donnent pas envie aux citoyens de se réengager. Or il faut qu’ils se réengagent ! Aujourd’hui, il est décisif qu’il y ait une mobilisation la plus forte possible : je dois moi-même, à situation exceptionnelle, prendre une décision exceptionnelle. »
François Hollande se lance dans son ancienne circonscription, gagnée par la droite il y a deux ans. Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti l’invite ironiquement à prendre pour suppléant Philippe Poutou, le leader du NPA. « Franchement, c’est pathétique », lance le sniper du gouvernement. S’il n’est pas un obstacle, il est au moins une cible.
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Publish date : 2024-06-15 17:30:19
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